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Notre action vise à réduire l’impact des déchets dans l’environnement par des actions citoyennes et éducatives. Il est donc nécessaire de bien définir cette notion de déchet, de faire le constat de son impact sur l’environnement, de sa gestion et des problématiques qui en découlent.

1. Définitions du « déchet » et catégories

. Définition générale/économique : « La quantité perdue dans la création ou l’usage d’un produit ». Cependant : « La nature ne fait pas de déchets » Hubert Reeves. => Le déchet est un concept typiquement anthropique/humain

Définition écologique : « Objet répandu dans la nature par l’être humain, la météo, les réseaux hydriques »

Législation européenne : Directive n°2008/98/CE du 19 novembre 2008 : « Toute substance ou tout objet, ont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire »

Législation française : Loi n° 75-633 du 18 juillet 1975 : « Tout résidu de production, de transformation et d’utilisation, toute substance, tout matériau ou produit ou plus généralement tout bien meuble que son propriétaire abandonne ou destine à abandonner »

Catégories de déchets :

– Déchets non dangereux : • Déchets biodégradables (restes alimentaires, résidus verts, …) • Déchets réutilisables et recyclables (matériaux de construction, métaux, certains plastiques, papiers, …)

– Déchets dangereux : • Déchets ultimes : déchets qui ne sont plus susceptibles d’être traités dans les conditions techniques et économiques du moment. • Déchets Industriels Dangereux (DID) • Déchets particuliers : hospitaliers et vétérinaires, agricoles, électroniques, militaires, véhicules et machineries hors d’usage

Chiffres de l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) : • 345 millions de tonnes produits en France en 2012 • 16,7 milliards d’euros de dépenses de gestion en 2013 • 126 000 emplois liés aux activités de gestion des déchets en 2014

2. Gestion et problématiques des déchets

Du point de vue anthropique, la gestion des déchets est d’utilité sanitaire (intoxications par odeurs, prolifération de nuisibles porteurs de maladie) et d’utilité publique (attrait, respect des lieux publics). La grande quantité et la grande diversité des déchets ont imposé la mise en place de dispositifs de collecte et de traitement à grande échelle et d’une discipline de chacun, mais ces deux points sont perfectibles et donc faillibles :

  • Renversement des poubelles par fort épisode météorologique ou par maladresse humaine.
  • Mauvais confinement des décharges, déchets arrachés par les vents et les crues.
  • Décharges sauvages, dépôt/rejet sauvage de déchet : absence de poubelle, poubelles pleines/non adaptées, méconnaissance sur la biodégradabilité d’un déchet.
  • Manque ou mauvaise gestion des déchets lors d’événementiels.
  • « Chaîne du tri » parfois incomplète. Les rejets et leur accumulation dans la nature présentent de lourds impacts sur l’environnement et sur l’être humain : – Pollutions des milieux par les substances dues à la dégradation toxique de certains déchets. – Éparpillement des déchets légers : plastiques, textiles, papiers, cartons. – Fragmentation des plastiques en morceaux microscopiques et des textiles en fibres facilement ingérables qui impactent toute la chaîne alimentaire. – Entraves au développement et à la croissance de la faune (plantes poussant à travers les mousses et les tissus) et la flore (étouffement par ingestion car confusion par l’odeur du plastique, enchevêtrement et garrottage) => mortalité anormalement élevée. – Accumulation de déchets pouvant endommager les infrastructures humaines et les structures géologiques naturelles par inertie (impact) et par gravité (affaissement). – Phénomène de Cheval de Troie : Support pour des espèces non-typiques et/ou invasives. La météo, les marées, les réseaux hydriques et les transports humains sont de puissants vecteurs des flux de déchets. Il existe des « cycles » du déchet à l’instar du cycle de l’eau. A l’exutoire des flux de déchets apparaît des accumulations, notamment sur le littoral mais pas seulement.

Le littoral

Sa définition varie selon les critères géographiques (cartes, vues aériennes), géologiques (plaques tectoniques, marées), géo-morphologiques : lithosphère (terre), hydrosphère (eau) et atmosphère (air), géopolitiques (pays, villes, parcelles privées), océanographiques (plateau littoral, marées), biologiques, écologiques ou populaires (attrait touristique). Le littoral est la somme d’une multitude d’interfaces, de limites, de discontinuités. Par conséquence il est soumis à une multitude pressions naturelles : la météo, les marées, les courants marins, les fleuves et rivières côtiers, les mouvements géologiques. Ces influences créent un brassage permanent qui fait du littoral un écotone (zone de transition écologique) riche et dynamique :

  • Les déchets naturels, les « laisse de mer » ont ici un rôle essentiel à jouer : elles constituent un vivier d’insectes, servent de « garde-manger » et favorisent la nidification. Elles sont un indicateur du bon état écologique.
  • Les estuaires présentent de grandes richesses environnementales, offrent des zones de reproduction et des zones transitoires pour les migrations.
  • Les plantes halophiles s’y développent.

Cependant, le littoral est vulnérable aux pressions humaines et à l’apport de déchets sauvages liés à l’urbanisation (digues, ports, minéralisation/bétonnage du front de mer et des fleuves côtiers), le tourisme , l’agriculture, les séquelles de guerre, la pêche, les pollutions (rejets d’eaux usées, phénomène de rinçage/lessivage des sols par la pluie, dégazages, …), les activités événementielles : festivals, sports, vacances scolaires et l’accélération de l’érosion des dunes par l’activité humaine : extraction de sable, ré-ensablement, damage, nettoyage mécanique…

Ces activités contribuent à fragiliser et à impacter le littoral avec des conséquences nuisibles pour les activités de pêche : déchets dans les filets, filets déchirés, poissons contaminés… Il convient de différencier différents types de plages :

  • Les pages touristiques ou portuaires : plages nues qui bénéficie souvent d’un nettoyage mécanique.
  • Les plages à enjeux écologiques : plages « naturelles »
  • Les plages à fort enjeux écologiques : nidification, parc naturel.

Et pour terminer quelques chiffres qui montrent l’étendue de notre littoral qui convient de préserver au mieux : • 19 193 km de long dont 5 500 km en métropole • 885 communes (4 % du territoire métropolitain) • 15 % du littoral communale est artificialisé • 6 millions d’habitants, plus 7 millions de « lits » touristiques.

Le bassin versant

Le bassin versant est l’espace drainé par un cours d’eau et ses affluents. L’ensemble des eaux drainées convergent vers un même point appelé exutoire. (L’écoulement se fait de l’amont à l’aval, des crêtes vers le fond de la vallée, des eaux superficielles vers les eaux souterraines). Différents paramètres sont à prendre en compte : géométrique (pentes, surface), pédologique (nature et capacité d’infiltration des eaux), urbanistique et biologique (type et répartition de la végétation).

La problématique soulevée par les bassins versants est qu’ils drainent aussi les déchets captés par leurs réseaux hydriques vers l’exutoire avec des points d’accumulations en amont générés par les obstacles rencontrés (ouvrages, marais, méandres des rivières). Selon une estimation du Programme des Nations Unis pour l’Environnement, 80 % des déchets du littoral en moyenne proviennent des bassins versants. Ce qui entraîne une pollution des réseaux hydriques impactant la faune et la flore en provoquant un phénomène d’eutrophisation. Les points d’accumulation sont les berges, les lacs et marais, les anses et méandres, les ouvrages humains : barrages, écluses, ponts, embarcadères. Il est donc nécessaire d’agir en amont : couper le « robinet ». A l’instar du littoral, l’étendue du territoire drainé par un bassin versant est parsemé de multitudes de villes, communes, terrains publics et terrains privés. Les bassins versants chevauchent aussi bien les régions administratives que les régions juridiques.

L’amont

L’amont est un terme générique définissant l’ensemble des influences et des pressions humaines directes et indirectes. Elles sont de différentes nature. Historiquement, l’accès à l’eau douce est une condition sine qua non à la fondation de villes, par conséquent les grandes concentrations urbaines et rurales se situent le long des cours d’eau. De plus, avec l’avènement de la navigation, les littoraux et les réseaux hydriques sont devenus stratégiques pour le développement du commerce et du transport, d’où la présence de villes côtières ou portuaires de grandes tailles et de grandes densités. Ces fondations et aménagements ont pour conséquence une métamorphose voire une altération du milieu naturel mais aussi l’apparition de nouvelles pressions sur le milieu comme l’exploitation des ressources et les pollutions de divers types dont les rejets, volontaires ou non, de déchets.